Geun Young HWANG

Je considère que chacun de nos gestes, chaque mouvement du corps, quelle que soit sa nécessité, témoigne avant tout d’une lutte, d’un combat. Nous déplaçons nos corps et ajustons toujours nos mouvements en fonction de ce qui survient dans un contexte particulier et dans un désir de survie. Même les gestes les plus anodins ou les plus doux s’inscrivent dans des dynamiques d’affrontement dont le moteur principal est l’imprévu, la surprise, l’inattendu qui oblige à improviser en retour, à décider dans l’instant de la réponse appropriée sans aucune certitude de succès.

Je place mes performances dans des contextes où le corps rencontre différents types de résistances : physiques, psychologiques, sociales ou politiques. J’interviens aussi bien dans l’espace public régi par ses normes, ses injonctions et ses tensions que dans des espaces domestiques où d’autres tensions entrent en jeu.

Le poids, la charge, la force, la pression, la gêne, la raideur, le vertige, l’épuisement, les phobies, la honte sont autant de contraintes physiques, émotionnelles ou psychologiques qui me permettent au travers des réponses que j’apporte de révéler le conflit originel entre équilibre et effondrement.

L’humour et particulièrement l’absurde est un autre aspect de mon travail. Je ne cherche pas uniquement à faire rire mais à créer une brèche émotionnelle, un espace d’accueil inattendu. J’utilise l’humour comme un déclencheur pour désamorcer la tension, établir une confiance et tisser un contrat sensible entre le public, l’espace et moi-même grâce auquel nous pouvons naviguer ensemble dans l’imprévisible et la vulnérabilité partagée.

Je prolonge mon geste performatif dans l’installation où l’espace devient un champ de bataille, une scène de crime, une zone de conflit, le théâtre des opérations, un lieu où l’imprévu continue de se déployer encore et encore. Les éléments qui constituent l’installation sont les vestiges, les témoins, les traces d’un affrontement toujours en cours, sous une nouvelle forme.